RENCONTRE-LECTURE
JEUDI 17 JANVIER 2013
à partir de 18H
73, Rue Marietton
69009 LYON
PATRICK DUBOST | OEUVRES POETIQUES , TOME 1|
Ce soir, Anonyme est trop près de la berge, il est au-dessous des scintillements. Il s’enroule dans ses draps comme une manière de nuit. Il ne voit pas que tous les jeux (la barque, le panier de crabes) sont des façons de convaincre en plein jour. Il me cherche pour l’heure du repas, croyant la maison vêtue de ses lumières internes. Il se crée des spectacles de couchers de lampes.
Patrick DUBOST, Extrait du carnet d’Anton , p.55.
*
Le réel, il le travaille, le cisèle, à l’aide des outils de l’algèbre et de la géométrie.
Les pensées traitent là comme autant de câbles tirés entre les objets, jusqu’à l’encombrement, jusqu’à gêner toute progression. Les gestes deviennent lourds. L’espace étroit. Tout amas d’objets finit en amas de pensées. Un fatras qu’il triture et déforme jusqu’à toucher le chaos.
Et dans ce chaos perce encore la lumière. On rêve, avec lui, d’atteindre la sortie. Fixer un câble en dehors du réel. Une pensée qui navigue attachée d’un côté et libre de l’autre.
Patrick DUBOST, Quentin Beaumatin , p.98.
*
Seule, Isolée. J’entendais parler. Loin. Dans le regard d’un homme…Je savais vaguement ce qui ne finit pas… Je voyais très bien la lumière qui tombait des vitraux… J’avais un regard doux, du moins ce qui m’en atait dit, par ces hommes que, doucement je fuyais.
Il était question de me faire violence. Je n’étais pas prête. Je tournais quelques phrases dans ma tête. Mais. Je n’ai pas voulu. Contredire. Je suis morte une fois. Comme ça. Je n’ai pas fait semblant. Une deuxième fois… une troisième…Je suis morte souvent… Je suis morte bien des fois mais je n’y ai pas cru… Je suis morte parfois crûment…Mais… Je me répète… Je meurs en me répétant…On finit par mourir vraiment à mourir trop souvent.
Il ne reste que la parole. C’est peut-être cela qu’il voulait démontrer : que derrière la mort indéfiniment il y a la parole.
Patrick DUBOST, Bleu ! Bleu ! Bleu !, p.208.